La compétivité du transport lagunaire en vue de jouer un rôle prépondérant dans le système des transports de la capitale économique, avec une part qui pourrait contribuer à réduire les embouteillages a été longuement débattu par les professionnels, les acteurs du secteur au cours d’une rencontre à Abidjan.
L’agglomération d’Abidjan est dotée d’un important plan d’eau lagunaire, notamment la lagune Ebrié, avec une superficie de 566 Km2 et connectant 8 des 13 communes du district. Le taux de déplacement selon les dernières estimations pourrait atteindre les 11% à l’horizon 2030.
Pour l’Etat de Côte d’Ivoire, conformément aux orientations des plans nationaux de développement (PND), il faut encourager les opérateurs privés à s’investir dans cette activité. A cet effet, lors du Conseil des ministres du 04 février 2015, le gouvernement a libéralisé le transport fluvio-lagunaire.
En 2017, des opérateurs privés se sont signalés pour renforcer l’offre de service jusque là assumée par la société à participation financière publique majoritaire, la Société des transports abidjanais (SOTRA) et les pinasses. Après 05 ans que la part belle a été fait au privé, les opérateurs de ce secteur peinent à s’imposer dans cet environnement concurrentiel.
C’est pour donc faire l’état des lieux de la situation et retenir les indicateurs pertinents de suivi, identifier des recommandations à soumettre que l’observatoire national sur la compétivité des entreprises (ONCE) a convié les structures partenaires à la réflexion le 29 septembre 2022 à Ivotel à Abidjan-Plateau.
« Chaque ménage à Abidjan perd en moyenne 3 H par jour dans les déplacements et les moins nantis consacrent environ 30% de leurs revenus pour assurer leurs déplacements »
Le gouvernement ivoirien se dit préoccupé par une situation qui est pourtant censé apporter une contribution significative dans la résolution des problèmes de mobilités à Abidjan surtout que le développement effréné des zones urbaines engendre une exacerbation des problèmes de mobilité. Malgré les grands travaux d’infrastructures enregistrés par le gouvernement, le plan d’eau lagunaire, devrait offrir l’opportunité de développer un réseau parallèle adéquat. Diomandé Gondo, chef de cabinet, représentant Adama Coulibaly, ministre de l’Economie et des finances, a indiqué que le cadre concurrentiel doit être une source d’émulation et de performance au bénéfice de la communauté.
« Selon une étude menée sur la mobilité, chaque ménage à Abidjan perd en moyenne 3 H par jour dans les déplacements et les moins nantis consacrent environ 30% de leurs revenus pour assurer leurs déplacements. En matière lagunaire, la demande est estimée en 2020 à plus de 225 000 voyageurs par jours contre une offre d’environ 109 passagers transportés dont plus de 50% assurée par les pinasses. Face à de tels enjeux et 5 ans après d’opérationnalisation du nouvel environnement, il y a lieu de s’interroger sur l’état de la compétivité du secteur du transport lagunaire à Abidjan, à travers les points de satisfaction et les imperfections éventuelles du nouveau cadre opérationnel » a-t-il confié.
A l’endroit des acteurs et opérateurs du secteur privé, le représentant du ministère de l’Economie et des finances, a instruit l’ONCE qui relève de sa compétence, à approfondir les échanges afin de trouver des pistes d’amélioration pour un secteur plus dynamique.
« Assurer le rayonnement du secteur de transport lagunaire qui représente une solution intéressante dans la résolution du problème complexe et aigu de la mobilité »
Auparavant, le Secrétaire Exécutif de l’ONCE, Samassi Youssouf, a rappelé qu’après plusieurs travaux menés dans divers domaines d’activité notamment les filières de la banane dessert, du cacao, café, de l’anacarde, de la mangue et la volaille ainsi que les secteurs du tourisme, du ciment, des télécommunications et du transport aérien, l’instrument de gestion qu’il dirige planche sur les perspectives de compétivité du transport lagunaire.
« En effet, chaque jour, les abidjanais doivent endurer des embouteillages exténuants pour se rendre à leur lieu d’occupation et perdent en moyenne 3 heures dans les déplacements qui impacte négativement le rendement économique national » a-t-il confié.
Ainsi, les parties prenantes aux assises, ont analyser les sujets de préoccupations majeures, formuler des recommandations à soumettre aux décideurs, définir des indicateurs pertinents de compétivité et avant de décider de la mise en place des outils performants pour le suivi évaluation.
« Tout ceci en vue d’assurer le rayonnement de ce secteur de transport lagunaire qui représente une solution intéressante dans la résolution du problème complexe et aigu de la mobilité de la population dans le district d’Abidjan » a souligné Samassi Youssouf.
En attendant, les conclusions de ces travaux, le document de travail, indique l’autorité de la mobilité urbaine dans le grand Abidjan (L’AMUGA) à élaboré dans le cadre de la relecture des conventions avec les opérateurs privés et en lien avec la prochaine coupe d’Afriques des Nations (CAN) qui se tiendra en 2023, un plan d’action prioritaire pour le transport lagunaire.
Il s’agit de la construction de la gare SOTRA du Plateau, la réhabilitation de la gare SOTRA d’Abobodoumé, la construction de 09 pontons sur les gares du Plateau et d’Abobodoumé et dans 7 nouvelles localités notamment Bingerville, Vidri, Aéroport, 3e pont HKB, Niangon-Lokoua, Songon et Abobodoumé. Il est également prévu l’aménagement des voies d’accès sur environ 200 mètres par site pour les 09 sites identifiés. L’aménagement d’espace pour le stationnement afin d’assurer le rabattement et capter les personnes se déplaçant en véhicules particuliers et en transports collectifs. Et le déploiement des bus de la SOTRA et d’autres opérateurs pour assurer le rabattement sur les gares lagunaires notamment au Plateau avec un service de navettes en préparation avec la mairie du Plateau.
A ce propos, un appel d’offres est lancé par le biais du projet d’appui à Compétivité du grand Abidjan pour la gare du Plateau et Abobodoumé. Les travaux devraient démarrer en décembre 2022 pour une durée de 18 mois.
Par ailleurs, d’autres projets pour le développement des activités du secteur concernant le renforcement du dispositif sécuritaire, la formation du personnel, le cadre organisation sont également en cours.
Dans l’attente de ses travaux, les pinasses se taillent la part du lion avec 500 000 passagers par jour soit 55% des usagers de transports lagunaires selon la Banque mondiale ensuite 45% pour la SOTRA et les nouvelles compagnies.
Venance KOKORA