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Filière coton L’Observatoire et les experts font des recommandations pour la compétitivité du secteur

La redynamisation de la compétitivité de la filière coton en Côte d’Ivoire est une préoccupation pour le Gouvernement de Côte d’Ivoire. Pour en débattre, l’Observatoire National sur la Compétitivité des Entreprises (ONCE) a réuni les sachants de la filière, le jeudi 1er décembre 2022 à Ivotel Hôtel, Abidjan – Plateau.

Monsieur BAMBA Vassogbo, Directeur de cabinet adjoint, représentant le Ministre de l’Economie et des Finances, a ouvert les travaux.

A l’issue de la rencontre, les acteurs et décideurs de la filière coton ont fait des recommandations.

 

Les années de gloire

L’industrie de la transformation du coton a connu des moments fastes en Côte d’Ivoire au cours des années 1970 et 1980 avec des entreprises de références telles que les Etablissements Robert Gonfreville (ERG) à Bouaké, UTEXI à Dimbokro et COTIVO à Agboville.

Les perspectives étaient alléchantes à l’époque puisque la production cotonnière du pays était très forte atteignant jusqu’à 400 000 tonnes l’an et les usines tournaient à plein régime en créant beaucoup d’emplois. Aussi, les marchés nationaux, sous régionaux et internationaux pour l’écoulement de la production étaient fortement demandeurs.

Au cours des années 1990, avec le ralentissement économique survenu dans la plupart des pays africains, entrainant même des dévaluations monétaires, le secteur de la transformation du coton, comme bien d’autres secteurs d’activités économiques, a commencé à battre de l’aile.

Les périodes sombres

Ainsi, après avoir atteint un niveau de transformation d’environ 20% au début des années 1990, l’environnement de l’industrie textile s’est fortement dégradé pour chuter après à un taux de transformation d’à peine 2% de la production de coton fibre.

Les multiples difficultés rencontrées notamment les problèmes de trésorerie et le faible niveau d’appui financier du secteur bancaire ont alors conduit à moult restructurations de l’industrie textile en Côte d’ivoire.

Dans ce processus, beaucoup d’entreprises ont subi des mutations, certaines ont fusionné pour créer de nouvelles entités et d’autres par contre ont carrément disparu.

Les survivantes vont alors pour la plupart tourner à moins de 50%, voire autour de 25% de leur capacité, ce qui rend les coûts fixes unitaires de production très élevés et réduit les possibilités d’économies d’échelle dans l’industrie.   

Par la suite, la crise politico-militaire survenue en Côte d’Ivoire au début des années 2000, marquée par l’occupation des zones centre et nord du pays, principales régions de production et de transformation du coton, a plongé davantage dans la crise, l’écosystème agro-industriel du coton qui avait déjà du mal à survivre.

Ainsi, la production de coton graine en Côte d’Ivoire est passée de 322 079 tonnes en 2005 à 175 000 tonnes en 2011 soit une baisse d’activité de 46 % et la production de coton fibre est passée de 139 924 tonnes à 76 503 tonnes, en réduction de 45 %.

Profitant alors de cette situation de crise, les activités de contrefaçon et de fraude à l’importation du textile, surtout en provenance de Chine, se sont grandement développées compromettant alors fortement la reprise des chantiers locaux de transformation.


La timide reprise

Avec la normalisation de la situation sociale au pays à partir de 2011 et la reprise des activités économiques suite aux réformes entreprises avec la création du conseil du coton et de l’anacarde, la Côte d’ivoire se relance de nouveau à la conquête des ambitions perdues dans un secteur aux énormes potentialités de développement.

La production Ivoirienne de coton graine a ainsi repris, passant de 490 000 tonnes en 2020 à une quantité record de 550 000 tonnes en 2021 et le pays se classe au deuxième rang des producteurs en Afrique, dans un environnement très concurrentiel, derrière le Bénin mais avant le Mali et le Burkina qui sont ses principaux challengers régionaux.

Au-delà de la production de coton graine qui a repris de l’élan, la relance de la transformation locale du coton avec ses énormes retombées en valeur ajoutée et création d’emplois demeure toujours le grand défi à relever.


Le soutien du Gouvernement

A cet effet, une politique industrielle de relance de la filière textile a été adoptée par le Gouvernement depuis 2012 comportant notamment la réhabilitation et la restructuration des sites existants, la promotion de l’investissement et la création d’une zone franche textile à Bouaké.

Dans ce cadre, lors d’une visite des installations de l’Usine Gonfreville à Bouaké, dans le centre du pays, en septembre 2021, Monsieur le Premier Ministre Patrick ACHI a instruit les Ministres concernés de proposer, dans le cadre du Programme des Champions Nationaux, un plan de relance de cette usine.

Aussi, en octobre 2021, sur instruc tion de Monsieur le Premier Ministre, le Ministre du Commerce et de l’Industrie et le Ministre de l’Economie et des Finances ont visité les installations de l’usine UTEXI de Dimbokro en vue de la renaissance des unités industrielles textiles et de confection en Côte d’Ivoire.

ailleurs, dans l’objectif d’accroitre le niveau de transformation du coton et relancer l’industrie textile et de la confection, deux partenaires du groupe Uniwax ont manifesté leur volonté de construire deux grandes unités de textiles sur le sol ivoirien.

En outre, la Côte d’Ivoire envisage de mettre en place une solide industrie du textile et de l’habillement vers les Etats-Unis d’Amérique (USA) dans le cadre de l’initiative African Growth and Opportunity Act (AGOA), la loi américaine sur la croissance et les opportunités en Afrique. Lancée par les USA en 2000, cette loi ouvre les portes à l'exportation de 6 300 produits africains vers les Etats-Unis, exemptés de toute taxe.

La conjugaison de toutes ces actions devrait ouvrir le champ à une insertion socio-économique des jeunes et des femmes dans le secteur et surtout à une projection de la Côte d’Ivoire comme l’un des plus grands producteurs et exportateurs de produits issus du coton dans les 5 à 10 ans à venir.


 LES TRAVAUX DE LA RENCONTRE

À l’occasion des travaux avec les principaux opérateurs du secteur notamment les sociétés cotonnières et les grandes entreprises de transformation en activité à savoir FTG à Bouaké et UNIWAX à Abidjan, il a été noté que le secteur de la transformation du coton peut se décomposer en trois sous-secteurs complémentaires.                                                                                              

Le premier sous-secteur concerne l’égrenage du coton.

Le deuxième sous-secteur porte sur la filature et tissage.

Le troisième sous-secteur est relatif à l’ennoblissement (teinture, impression et bonneterie).

Pour l’égrenage, nous avons six (6) entreprises cotonnières qui sont impliquées dans la production et l’égrenage du coton. Ces entreprises encadrent les producteurs en leur fournissant les intrants et l’encadrement pour la production.

À la récolte, elles achètent d’abord toute la production de coton graine aux producteurs. Ensuite, elles les égrènent puis vendent d’une part, les graines aux entreprises locales de trituration et d’autre part, la fibre de coton emballée aux clients nationaux et internationaux. 95% de la fibre de coton traitée est exportée, surtout au Pakistan et au Bengladesh.    

À ce stade, les entreprises du sous-secteur sont très performantes.

Au deuxième stade de la transformation où le coton fibre est transformé en fil et tissus écrus, nos entreprises locales à savoir les Etablissements Robert Gonfreville d’abord puis FTG actuellement à Bouaké ainsi que UTEXI à Dimbokro et COTIVO à Agboville connaissent de sérieuses difficultés. UTEXI et COTIVO sont fermées et FTG est à l’arrêt.

Au troisième stade de la transformation où les fils et tissus écrus issus du deuxième stade est utilisé pour obtenir les produits finis du textile, nous avons les entreprises locales UNIWAX et TEX-CI.

À défaut de matière première locale, ces entreprises qui sont assez performantes sont obligées d’importer les fils et tissus écrus nécessaires à leurs activités.

Dans l’ensemble, nous constatons que nous avons des entreprises performantes au premier et troisième stade de transformation et une défaillance criarde au deuxième stade.

En vue donc de corriger la situation, des recommandations ont été faites.

Les recommandations majeures de la rencontre

 

Au terme des travaux, des recommandations ont été formulées.

-       Poursuivre les efforts d’amélioration de la qualité du coton-graine et de la fibre.

-       Promouvoir les nouvelles variétés CI 123 et CI 128 trouvées par le CNRA.

-       Réduire les coûts des facteurs de production (énergie, logistique, transport).

-       Actualiser les études nécessaires à la relance des usines existantes.

-       Changer de business modèle pour installer de nouvelles usines à grande capacité de production (minimum 50 000 unités /jour).

-       Dynamiser le sous-secteur de la filature et tissage.

-       Créer les conditions pour attirer les IDE.

-       Renforcer la lutte contre la contrefaçon et les importations frauduleuses.

-       Créer des unités de confection de classe mondiale.

-       Rechercher auprès de l’Etat et des bailleurs de fonds internationaux la mise en

place de fonds de développement du secteur de la transformation du coton.

-       Développer des programmes de formation aux métiers de la transformation


 

 

SERCOM. ONCE